Octobre Rose en portraits

Octobre Rose est le mois dédié à la lutte contre le cancer du sein. À cette occasion, Manora Bijoux met à l'honneur Caroline, Vanille et Sarah. Elles nous racontent comment elles ont traversé cette épreuve avec humour et positivité. 

Caroline

Lilloise arrivée à Marseille, Caroline, 34 ans, n’a jamais perdu le nord. 

Comment avez-vous découvert votre cancer du sein?

J’avais 31 ans quand j’ai senti un gonflement dans ma poitrine. Après une palpation non-concluante chez le gynécologue, j’ai décidé de réaliser une mammographie quelques mois plus tard et on m’a diagnostiqué un cancer du sein. Psychologiquement et physiquement, l’annonce a été dure à encaisser. Après avoir eu au téléphone une de mes amies atteinte également d’un cancer, elle a fait changer ma perception des choses. 

Comment avez-vous trouvé la force de surmonter cette étape ?

Pleurer n’allait pas me guérir et j’ai préféré en rigoler. Aller en chimiothérapie déguisée en Wonder Woman, me faire raser le crâne par mes copains; j’ai essayé de rendre les moments douloureux les plus beaux possibles. Mieux vaut en rigoler dans ces moments durs. 
Mes parents, tous deux atteints de cancer, étaient très combatifs et j’ai gardé cette image. Ma famille, mes amis et mon conjoint m’ont été d’un soutien quotidien.

Qu’est ce que la maladie a changé dans votre vie ? 

J’ai appris beaucoup sur moi et ma personnalité. Avant je courais après le CDI en entreprise, maintenant j’ai découvert un aspect de moi plus créative et indépendante. On se redécouvre énormément, nos priorités ne sont plus les mêmes. J’ai co-fondé l’association le Gang des Crânes Rasés et je suis auto-entrepreneuse dans l’organisation de voyages bien-être. Depuis mon cancer, je suis à l’écoute de mon corps et je lâche prise pour profiter à fond de la vie. 

Quel message souhaiteriez-vous partager ? 

C’est important de s’autopalper régulièrement car les cancers touchent les femmes jeunes aussi. Ne pas hésiter à consulter et prendre plusieurs avis médicaux. Et si ça arrive, rebondissez et gardez le sourire. Savoir quelles sont ses priorités et transformer le négatif en positif.

Caroline est sur Instagram : @lepetitmondedecaroline
Association le Gang des Crânes Rasés. 

Vanille

Vanille, jeune trentenaire, nous raconte comment elle a vécu son cancer alors que sa maman était elle aussi malade. 

Comment avez-vous découvert votre cancer du sein?

J’ai réalisé une étude génétique car ma maman avait un cancer des ovaires et nous avions plusieurs cas dans la famille. Suite aux examens, j’étais porteuse du gène BRCA1  - associé au cancer du sein - mais jusque-là rien d’alarmant, j’étais suivie de manière préventive.
Ma mère terminait ses traitements du cancer des ovaires quand deux ans plus tard elle a été diagnostiquée d'un cancer de la vessie. J’avais donc 27 ans et peu de temps après cette nouvelle, on me diagnostique un cancer du sein triple négatif sur un banal rendez-vous gynécologique. Ma tumeur s'était développée et la prise en charge devait être rapide. J’ai suivi un parcours de soin que l’on peut dire habituel : chimiothérapies, une mastectomie et enfin la radiothérapie. J’ai été très bien accompagnée médicalement parlant. 

Comment avez-vous trouvé la force de surmonter cette étape ?

On venait de diagnostiquer un second cancer à ma maman. On s’est retrouvées toutes les deux dans la même sauce. J’avais autant peur pour elle qu’elle avait peur pour moi. Ça a été très difficile pour notre famille mais je pouvais compter sur eux. Avec ma mère, on s’accompagnait mutuellement aux chimio, nous avons été une grande force l’une pour l’autre. 

J’ai aussi écrit un blog pour raconter mon histoire et parler du cancer de manière positive. Ça m’a fait énormément de bien d’écrire à ce sujet et faire connaître cette maladie car ça touche tout le monde et quel que soit l'âge. Dans la tête des gens, le cancer est lié à la mort alors qu’on n'en meurt pas forcément. C’était important de souligner que l’issue n’est pas forcément fatale. Grâce au blog, j’ai pu participer à des événements, rencontrer une communauté incroyable et nouer des belles amitiés. 

Qu’est ce que la maladie a changé dans votre vie ? 

Je sens que j’ai une revanche sur la vie. Maintenant, je ne veux lâcher aucun morceau, réaliser tous mes projets et j’en deviens parfois même impatiente. 
Dans mon rapport à moi-même, je m’écoute, je prends soin de moi et je me priorise par rapport aux autres. 

Quel message souhaiteriez-vous partager ? 

La peur n’évite pas le danger. Je conseille d’aller se faire dépister et se rendre chez son gynéco régulièrement. Le mot cancer peut faire peur mais l’issue n’est pas forcément négative. C’est normal d’avoir peur, mais il faut voir la lumière au bout du tunnel et s’entourer de gens positifs. 

Le blog de Vanille

Sarah

Sarah est comédienne, humoriste et auteure. Elle a fait de l’humour son arme contre son cancer du sein. 

Comment avez-vous découvert votre cancer du sein?

J’avais 30 ans quand j’ai pris rendez-vous chez ma gynécologue pour renouveler ma pilule. Elle a senti un kyste et m’a prescrit une mammographie en laissant entendre que c’était bénin. Lors de l’examen, les radiologues ont vu qu’il y avait quelque chose, alors que ma gynéco l'atténuait. Les résultats tombent, et la veille de Noël, on m’annonce que j'avais un cancer du sein. C’était le choc émotionnel. Je me suis faite opérée le mois suivant, sans trop connaître le degré de gravité. J’ai eu la chance de ne pas avoir de chimiothérapies. J’ai suivi une radiothérapie et un traitement hormonal invasif pendant plusieurs années.

Comment avez-vous trouvé la force de surmonter cette étape ?

Tant qu’il y a du rire, il y a de la vie. L'humour est naturel chez moi, ça m’a permis de prendre de la hauteur. Quand je faisais les séances de rayons, je faisais la Pom-Pom Girl sur “c-a-n-c-e-r”, avec ma mère nous commandions des Ben&Jerrys avant l’opération, on se perdait dans l'hôpital comme dans Fort Boyard…J’ai noté toutes ces anecdotes que j’ai plus tard retranscrites dans mon spectacle.
J’ai continué à jouer sur scène pendant la période des traitements. Ça me permettait de me battre. Je n’en ai pas parlé au niveau professionnel car la maladie prenait tellement de place que je préférais m’évader en jouant sur scène. 

Qu’est ce que la maladie a changé dans votre vie ? 

J’ai d’abord écrit un livre car j’ai senti un besoin de transmission pour aider d’autres personnes qui passeraient par là. C’était évident d’en parler et finalement j'ai co-écrit l’adaptation du livre en spectacle. Je le joue au théâtre notamment pour des associations et des hôpitaux. J’ai fait de magnifiques rencontres et c’est ce qui m’est arrivé de mieux. J’ai ressenti un vrai partage, de la compréhension et de la solidarité avec les personnes qui ont vécu la même chose. 

Quel message souhaiteriez-vous partager ? 

“Never give up”, c’est un peu mon mantra. J’espère donner de l’espoir d’être là aujourd’hui et surtout d’avoir eu un bébé après un cancer. 


Podcast : @sanspluiepasdarcenciel
Spectacle : K surprise 
Livre : Sarah, 30 ans, mon cancer - Même pas peur
Crédit photo : Natacha Lamblin