Rencontre avec Frédérique, gemmologue

Entretien avec Frédérique, gemmologue et négociante en pierres précieuses à Marseille. Cette double casquette lui permet d’avoir une expertise des pierres précieuses qu’elle vend dont une partie sourcée directement dans les mines. 

Raconte-nous ta rencontre avec la gemmologie

Après quatre années d’études en Angleterre pour mes études en gestion d’entreprise culturelle, j’ai souhaité déménager vers un endroit où il faisait beau et chaud. Je suis partie au Mexique où j’ai rencontré mon futur mari qui vendait des pierres et créait des bijoux. Je suis tombée amoureuse de lui… et des pierres ! Nous sommes partis ensemble en bus jusqu’au Honduras pour aller sourcer des opales de feu notamment. Nous en avions ramené 60 kilos en bus, rien que ça ! À l’époque, je travaillais dans une galerie. C’était uniquement pour l’accompagner, mais j’adorais ça. Nous sommes finalement rentrés en Europe et le marché des pierres étant plus compliqué qu’au Mexique, nous avons tout arrêté pendant 15 ans. Et ce jusqu’à plusieurs remises en question professionnelles qui m’ont poussées à reprendre la voie des pierres précieuses, qui m’ont toujours fascinées. Je me suis donc formée à la gemmologie en 2021 à Marseille.

Quelle est ton approche en tant que négociante et gemmologue ?

Mon approche est particulière. J’ai pris le parti de proposer des pierres d’Amérique Latine (principalement des émeraudes et saphirs de Colombie) et de préférence d’un sourcing responsable. L’Amérique Latine, c’est tout simplement parce que je connais bien les lieux, mon mari est d’origine mexicaine, nous parlons la langue et connaissons bien la culture, c’est plus facile d’échanger. C’est une terre connue.

Saphirs de Colombie

Je vais chercher directement les pierres auprès de certains mineurs pour m’assurer de leur traçabilité. J’ai fait le choix d’aller chercher du brut. Ce choix induit qu’il sera compliqué de trouver deux pierres identiques, au niveau de la couleur et du calibrage. Elles seront presque toutes uniques !

Qu’appelles-tu “sourcing responsable” ?

Il faut savoir que lorsque l'on achète des pierres déjà taillées, on ne peut pas être sûrs du lieu d'extraction, du lieu de taille, dans quelles conditions et quel traitement elles ont eu. Il n’y a souvent pas de transparence.

Mon choix est de travailler en direct et à la source avec des toutes petites mines et des petits exploitants qui souvent, peinent à vivre. Lorsque l’on va sourcer les pierres, on ne négocie pas les prix, qui pour nous est le “juste” prix. On se dit “responsables” car on sait où l’argent va et ce que les mineurs en font, c’est à dire, vivre et nourrir leur famille. Nous avons même aidé à la création d'entreprise de certains mineurs pour qu’ils puissent structurer et continuer leur activité.

Manon, créatrice de Manora et Frédérique, gemmologue